Le toucher

La santé à fleur de peau : aussi simple que le toucher!

Nul besoin d’avoir fait des études pour connaître le pouvoir apaisant et sécurisant des touchers tendres, des câlins et des poignées de main. Mais l’impact de ces gestes simples va encore beaucoup plus loin! Bien plus qu’un sens auxiliaire qui fait du bien, le toucher se révèle nécessaire au développement et à la santé globale de l’individu et de la communauté. Découvrons ensemble les cascades de bienfaits qu’engendre le toucher agréable entre humains consentants.
La peau, frontière poreuse et sensible qui enveloppe le corps de plus d’un million de récepteurs sensitifs1. Plus grand organe du corps humain, elle est responsable du premier sens développé chez l’embryon, dès la 4e semaine : le toucher2.
Échange entre l’intérieur et l’extérieur, entre le soi et l’autre, le toucher permet d’exprimer toutes sortes d’intentions et d’émotions. La peau ressent la douce texture d’une feuille de molène, la caresse rassurante d’un être aimé, le réconfort d’un câlin, l’encouragement d’un high five. C’est par tous ces petits gestes que l’on connecte, que l’on grandit.
Au début des années 2000, des scientifiques à l’Université de Montréal identifient un nouveau type de fibre nerveuse, la fibre « toucher-caresse ». Uniquement perceptive des gestes lents et doux, c’est à elle qu’on doit le plaisir qui se diffuse le corps suite à la tendresse d’une caresse1.
La caresse favorise la conscience de soi et l’attention à l’autre1. Les contacts physiques agréables rapprochent les fibres du tissu social et sécurisent. Reçus régulièrement, ils apaisent et préviennent l’agressivité verbale et physique2. Les cultures où abondent ce type de toucher ont un taux de violence relativement faible3. D’ailleurs, caresser ou donner un bisou sur un endroit douloureux réduit la perception de la douleur et le besoin d’analgésiques2.
Selon le type de toucher, c’est l’endorphine (hormone du bonheur responsable du sentiment d’euphorie), l’ocytocine (hormone de l’attachement responsable du sentiment de sécurité)4 ou la dopamine (hormone régulatrice de l’humeur et génératrice d’énergie) qui est libérée1. Ces drogues naturelles diminuent la souffrance physique et psychique et favorisent le bien-être individuel et social.
Ces bienfaits se font ressentir dès la naissance. Chez les bébés nés prématurément, le contact peau-à-peau (méthode kangourou) réduit la période d’hospitalisation d’une semaine en moyenne5. Il régularise le sommeil, la respiration, le rythme cardiaque et le taux glycémique, favorise une saine prise de poids, adoucit la transition à l’allaitement au sein et diminue les risques d’infections2. Il a été observé dans les orphelinats que les bébés dépérissent sans contacts humains, même si leurs besoins physiologiques sont comblés. Le toucher se place ainsi parmi les besoins de base du nourrisson, très sensible aux contacts qu’il reçoit. Leur simple présence stimule son système immunitaire et hormonal. Les massages favorisent le bien-être du bébé et son développement, tout en enrichissant le lien d’attachement5.
L’ocytocine, surtout libérée lors d’étreintes, de massages et de relations sexuelles, a des effets physiques et psychologiques qui vont au-delà de la création et du maintien du lien d’attachement. Agissant à la fois comme hormone et neurotransmetteur, elle accroît la joie de vivre, le sentiment de bien-être et celui de sécurité, améliorant de ce fait la capacité d’apprentissage et la créativité. En contrepartie, on remarque que les enfants qui reçoivent peu de contacts physiques souffrent plus de difficultés scolaires et sociales2. La libération d’ocytocine favorise même la santé du cœur en abaissant la pression artérielle, en réduisant l’inflammation et en favorisant la réparation des cellules cardiaques6.
Le stress, quant à lui, libère d’autres hormones : l’adrénaline, la noradrénaline et le cortisol. Depuis près d’une décennie, environ le quart de la population québécoise « déclare percevoir leurs journées comme assez ou extrêmement stressantes »7. Ce stress chronique engendre des effets délétères sur la santé globale. Les contacts corporels agréables et réguliers se présentent comme de puissants régulateurs du stress, protecteurs contre ces effets négatifs.4
Si le stress est connu pour affaiblir le système immunitaire, le toucher le renforce. En effet, lors de contacts entre humains, de micro-organismes s’échangent et viennent enrichir l’écologie de la flore cutanée (située sur l’épiderme, la couche superficielle de la peau) et du microbiote intestinal. Cela joue un rôle important dans la prévention de maladies et d’infections2.
Pour différentes raisons, nombreuses personnes ressentent à un moment ou un autre le manque d’être touché. Cela entraîne souvent un état dépressif et une diminution de la capacité de travail. Certaines personnes se tournent vers des peluches, d’autres des bains, certaines vont dans des cafés à câlins, des cafés à chats ou des cuddle party3. Au cœur de la pandémie de covid-19, alors que s’enchaînaient quarantaines et confinements, une amie me confiait : « Moi, ce qui me manque le plus, ce sont les touchers accidentels. Frôler une épaule en marchant sur le trottoir, effleurer une main en payant l’épicerie… »
Le besoin de contact physique est universel. Il traverse les âges et les espèces. Partager des câlins et des caresses solidifie les liens d’attachement, favorise le développement et l’apprentissage, diminue la sensation de douleur et la violence, stimule l’immunité, fait éclore la joie et le bien-être… Ces échanges consensuels éloignent la maladie et augmentent l’espérance de vie4. Alors, pas de gêne! Prenons soin de nous même et de nos proches. Offrons nous des câlins, des gestes tendres et des massages. Faisons abonder le pouvoir de guérison qui réside entre nos mains et nos corps!

Petite bibliographie

  1. Fresnel, H. (2018). L’art de la caresse selon les neurosciences. Psychologies. Repéré à https://www.psychologies.com/Bien-etre/Relaxation/Massage/Articles-et-Dossiers/L-art-de-la-caresse-selon-les-neurosciences
  2. Simard, D. (2021). L’importance du toucher. RMPQ. Repéré à https://rmpq.ca/blogue/l-importance-du-toucher-en-massotherapie-le-reseau/
  3. Wright, J. & Chouder, M. (2020). Pourquoi le contact physique nous manque tant. Refinery 29. Repéré à https://www.refinery29.com/fr-fr/2020/04/9724412/toucher-etre-touche-besoin-biologique
  4. Roy, J. (2022). Vive le toucher, un anti-stress naturel et bien plus encore! Repéré à https://www.grandirdanslattachement.com/post/vive-le-toucher-un-anti-stress-naturel-et-bien-plus-encore
  5. Équipe Naître et grandir & Jasmin, E. (2023). Le développement du toucher chez l’enfant. Naître et grandir. Repéré à https://naitreetgrandir.com/fr/etape/0_12_mois/developpement/fiche.aspx?doc=naitre-grandir-developpement-sens-toucher#:~:text=Le%20sens%20du%20toucher%20permet%20%C3%A0%20l’enfant%20de%20d%C3%A9couvrir,son%20fonctionnement%20quotidien%20et%20social.
  6. Louvet, B. (2022). L’ocytocine pourrait aider à réparer les cœurs brisés. Science Post. Repéré à https://sciencepost.fr/ocytocine-peut-aider-a-reparer-les-coeurs-brises-litteralement/
  7. Statistique Québec. (2023). Stress quotidien. Repéré à https://statistique.quebec.ca/vitrine/egalite/dimensions-egalite/sante/stress-quotidien

 

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